Côte d’Ivoire : une élection « coupée-décalée »
Pour faire de cette élection à venir une « élection coupées-décalée », il aurait seulement fallu que Arafat DJ (le Kôrôyé kôrôyé, le Zeuf d’Afrique, le commandant Zabra, le 3 500 volts d’animation devenu 6 500 volts d’animation, l’apache 8 500 volts) ait déclaré sa candidature à l’élection présidentielle à venir. Ou encore, que chaque candidat présidentiable aille déposer son dossier de candidature habillé en disc-jockey ivoirien : « Pantalon qui masse les mollets, avec les chaussures qui parlent, etc. » Dans tous les cas, nos politiciens ont décidé de faire de la Côte d’Ivoire une boîte de nuit comme les Ivoiriens en raffolent. Alors, un tour sur la piste de danse!
Au pays des DJ et de la sagacité (Douk saga, Arafat Dj, Serges Beynaud) tout le monde est »boucantier » (frimeur). gbès est mieux que dra
A quelques heures de la fin du dépôt des dossiers pour la présidentielle, ils sont déjà près d’une vingtaine à l’avoir fait. Mais seulement 9 se sont acquittés de la caution de 20 millions de FCFA. Et comme la télévision nationale a décidé de couvrir tous les dépôts de candidature, chacun veut faire le buzz. Qui va se négliger?
Une veste ramenée du marché de gros, une mallette remplie d’air, un ticket de bus à 200 F CFA pour se rendre aux II plateaux (siège de la commission électorale indépendante ) et le tour est joué : on est présidentiable. Mais surtout on est sûr de passer à la télé. On fera son one-man-show devant les 20 millions d’Ivoiriens.
Sur la liste des candidats ayant déposé leurs dossiers, seulement 9 se sont d’abord acquittés de leur caution, 2 n’ont pas l’âge requis pour et sont encore des étudiants en quête d’emploi. Comme dirait l’Ivoirien lambda : « Toi tu as 20 millions et puis tu cherches travail quoi! Toi, tu cherches travail et tu veux nous donner travail quoi! »
Si seulement la honte pouvait tuer! Que les Ivoiriens se rassurent. Fini l’heure du boucan, quand viendra celle du »travaillement » des 20 millions au Trésor public. Les politiciens-DJ auront laissé la place aux parrains de la politique ivoirienne (Allassane Ouattara, Essy Amara, Charles Konan Banny). Mais si seulement si on pouvait les traduire devant la justice, faudrait y penser à l’avenir. Gbès est mieux que dra.
« On joue pas un peu, on s’amuse pas un peu » comme on fredonne à Abidjan
Jamais je n’ai vu un peuple qui aime s’amuser autant que les Ivoiriens. Parfois même, les souffrances les plus atroces sont tournées en dérision. Pendant que le monde entier s’inquiétait de la pandémie de grippe aviaire, sur les bords de la lagune Ebrié (Abidjan) nos disc-jockeys rivalisaient d’esprit. Vous auriez dû voir les Ivoiriens se remuer tels des poulets kédjenou sur les grilles d’un Haoussa à la rue princesse. Tout le monde riait et personne n’a jugé bon de s’en offusquer. Je me rappelle comment les rivaux des Ivoiriens (en matière d’ambiance) se sont opposés au grand mopao (Koffi Olomidé) lorsqu’il s’est fait surnommer ‘vieux ebola’ au moment où la Guinée enterrait ses morts.
Et si on mettait fin à la recréation? Gbès est mieux que dra.
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