Côte d’Ivoire: les mille et un surnoms d’Alassane Dramane Ouattara
Le président Alassane Dramane Ouattara (ADO) n’échappe pas à l’humour parfois caustique des Ivoiriens. Lui, si carré et si droit dans ses bottes, tant rigoureux et tant respectueux des protocoles, a fini par se prendre au jeu de cette autodérision. Une sélection subjective des surnoms les plus populaires de notre grandissime et célébrissime Président. Gbès est mieux que dra.
TOP 5 : Escalator ou brave tchè (le brave) ? Gbès est mieux que dra.
Escalator, c’est un peu comme dans le film Terminator d’Arnold Schwarzenegger. Mais ici l’acteur principal, le brave comme on dit, c’est Alassane Ouattara. La mission est presque impossible : escalader une clôture de 3 mètres surmontée de barbelés. D’où le nom: Escalator. Silence ! On tourne…. Flash back.
La trame de l’histoire s’est déroulée dans les quelques heures qui ont suivi la rébellion armée du 19 septembre 2002. Des bandits armés jusqu’aux dents se rendent au domicile d’Alassane Ouattara alors opposant au pouvoir de Laurent Gbagbo. Ainsi, notre brave, armé de ses pieds et de la sagesse populaire qui voudrait que « savoir fuir est aussi et souvent une sorte de bravoure », se réfugie illico presto à la résidence de l’ambassadeur d’Allemagne. Selon des indiscrétions, notre héros aurait atteint la résidence de l’ambassadeur d’Allemagne (qui jouxtait la sienne) grâce uniquement à ses prouesses athlétiques : saut en hauteur au-dessus de la clôture de l’ambassadeur avec réception sur les deux pieds, suivi d’une roulade avant dans le jardin vert de l’ambassadeur et 100m de course pour se trouver dans le salon de Mr l’ambassadeur. Un véritable triathlon. Cela dit, je n’y étais pas hein. Gbès est mieux que dra.
Et comme dans tous les bons films d’action, le héros ne meurt pas.
Ainsi les partisans d’ADO (les Adorateurs comme on les appelle ici), ont vite fait de l’appeler le brave tchè (le brave), quand pour ses détracteurs, il n’est rien d’autre qu’un escalator (quelqu’un qui escalade les clôtures).
TOP 4 : Il était une fois Magellan. Gbès est mieux que dra.
Je commencerai par vous poser une toute petite question : quand Magellan fit-il le tour du monde ?
Les Ivoiriens vous répondront en chœur : 2012 (l’année de la véritable accession d’Alassane Ouattara au pouvoir avec tous les leviers de l’État). 2012 parce qu’en Côte d’Ivoire, Magellan c’est Alassane Ouattara. D’abord employé par l’opposition pour fustiger ses nombreux nombreux voyages (en avion, en voiture, en bateau…), le président Ouattara s’est entiché de son surnom. Il le revendique d’ailleurs à cor et à cri pour justifier comme il aime à le dire que : « l’État travaille pour vous ».
Alors, je vous le redemande: quand Magellan fit-il le tour du monde ? Réponse : ……..
TOP 3 : L’indéboulonnable
« Je suis indéboulonnable. » Lorsque le président Ouattara lui-même menaçait ainsi ses adversaires tapis en exil (ceux qui pensent que la seule façon de le faire partir démocratiquement du pouvoir, c’est par la voix des armes), le PRADO (président ADO) ne savait pas que les Ivoiriens (en vrais mécaniciens de l’humour) utiliseraient cette belle formule pour le visser et le dévisser drôlement. Reste qu’avec cette histoire d’indéboulonnable, concrétisée par un deuxième mandat avec à l’horizon une révision de l’article 35 annoncée par le chef de l’État, faudrait pas que la présidence se transforme en résidence et le président en résident. Gbès set mieux que dra.
TOP 2 : Madou Goudron
Le 3ème pont HKB, le pont de Bouaflé, le pont de…………le pont de…..le pont de……… E il y en a encore d’autres annoncés pour ce deuxième mandat. Pour paraphraser un politicien amateur de mon Korhogo natal, on peut le dire sans sourciller:
Alassane Ouattara est entrain de « goudronner la Côte d’Ivoire de la devanture à la derrièture ».
Précision importante : le politicien en question qui avait dit cela en pleine campagne municipale, n’a pas été élu (les Korhogolais sauront de qui je parle).
C’est fort de cette gigantesque œuvre infrastructurelle engagée par le président, mais convaincus que la pauvreté demeure encore indéboulonnable dans leur quotidien, mes compatriotes ont vite fait d’appeler ADO : Madou Goudron. Un clin d’œil fait à un célèbre personnage de bande dessinée en Côte d’Ivoire du nom de Madou nèguè (Madou l’argent).
Que les Ivoiriens n’ont pas la mémoire courte. Quand vous décidez d’appeler quelqu’un Magellan, attendez-vous à ce qu’il construise bien des routes pour pouvoir faire le tour du monde. Gbès est mieux que dra. Après avoir approuvé le surnom de Magellan, voici que le président Ouattara n’hésite pas encore à se faire appeler lui-même en public Madou Goudron.
TOP 1: le président émergent
Magellan, en président émergent, a promis grâce à ses talents de Madou Goudron de rendre cette vision indéboulonnable à l’horizon 2020 quitte à escalader en vrai Eescalator toutes les difficultés. Depuis, en terre d’éburnie, tout tourne autour du terme fourre-tout d’émergence : association des commerçantes du vivriers pour l’émergence, collectifs des artistes émergents, émergence 2020… Reste l’association des vendeurs de garba émergents, des divorcés émergents, des célibataires émergents, des tchoins (prostituées) émergentes. En attendant, c’est le chômage qui émerge de plus en plus et la jeunesse de plus en plus immergée.
Dans un pays qui se veut émergent, il faut des attributs complètement différents de ceux de la République. En lieu et place de la grande croix de commandeur, il faut pour son excellence le président, lui aussi émergent, une canne émergente. Le président Ouattara de retour de son opération chirurgicale en France, coiffé d’un chapeau, une canne en main, avait lancé à sa descente d’avion « Voici le chapeau de l’émergence ». Et l’opposition d’ajouter ironiquement « avec la canne émergente », manière de montrer que la santé de son excellence immerge. Sacrés ivoiriens ! Gbès est mieux que dra.
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