Messieurs dehors, mesdames déshabillez vous svp!
Un aîné me disait que le plus beau métier du monde, c’est la médecine. C’est le seul métier où vous demandez à l’épouse ou à «la petite» du préfet (comprenez par là,sa maîtresse): «déshabillez-vous madame SVP » me dit-il. Aussitôt dit, aussitôt fait. Juste pour faire le travail, pas plus, dans les règles et la déontologie du métier, lui dis je. La femme du préfet, de facto la représentante de notre première dame, vu les pouvoirs de représentant du chef de l’Etat dévolus à son mari, s’exécute. Le représentant du prési prend alors place au hall, pour attendre la représentante de la première dame en clair sa première dame (en attribut et en nombre). Dès qu’assis, que son proéminent ventre s’assoit sur ses cuisses, c’est l’expression littérale des attentions culinaires de la deuxième dame dans l’ordre protocolaire non officiel. Le voici donc notre éternel Don Juan, notre beau jaloux qui se lève. Il a les fourmis dans le caleçon, passe et repasse et on sent la patience qui trépasse. Alors ignorant les infirmières de permanence, il se plante devant le cabinet, suant de colère, l’oreille plaquée contre la porte. Tant pis pour lui, il n’y a ni images satellites, ni écoutes téléphoniques de la NSA disponibles. Rien ne filtre. La consultation médicale est privée, frappée du saut : secret médical. C’est peut-être de ce pouvoir discrétionnaire que vient ce profond respect pour le gynéco : « Voir le roi et la reine dans leur plus simple tenue d’Adam et Ève» sans arrière-pensée.
En fac de médecine, on dit du médecin qu’il est asexué, c’est une personne morale. Je vous prie de le croire et arrêtez de vous faire de la bile. Faites un tour dans un service de gynéco. Lisez l’anxiété à fleur de peau sur les mimiques des hommes. Le regard bavard, la langue silencieuse, les pieds lourds, la voix inaudible, ils sont tous perdus dans leurs imaginations très fécondes en ces instants. Sur le banc d’attente, ils sont solidaires en esprit « ce gynéco est en train de se rincer les yeux ». Le temps s’égrène, l’aiguille roule et chaque seconde emporte une question sans réponse. « Tché ? Depuis là! C’est consultation wah c’est visualisation?» Au bon souvenir du lycée, des cours de philo et de M. Philomène le philosophe. On se remémore les grandes théories freudiennes du père de la psychanalyse. Comme quoi, si la charcuterie n’avait pas existé, le charcutier serait cannibale. Si la gynécologie n’avait pas vu le jour, le gynéco serait un violeur. Alors toute la problématique ici est de savoir : si l’objet de substitution du boucher est le bétail, c’est qui ou quoi l’objet de substitution ou de défoulement du gynéco, en ce moment précis? Violente question pour laquelle chacun rumine.
Et ouf ! Voici la patiente qui ressort, bien sûr raccompagnée par le gynéco. Terminé la dissertation pour notre philosophe en herbe. L’homme jette un coup d’œil sur les cheveux de madame et la braguette du gynéco. Rien de louche à signaler, seulement trop d’échanges de politesses. « Merci docteur » lance la cliente (Excusez messieurs du terme, depuis l’instauration des normes qualiticiennes, on dit de moins en moins patient au profit de client). « De rien, ce fut un immense plaisir. Prenez soin de vous. » En vérité, loin de toutes les interprétations stériles, c’est une dame soulagée de se savoir dans de bonnes mains. De tous les médicaments du malade, sachez-le messieurs, c’est prouvé, le médecin n’est pas le moindre. Y a-t-il plus grand secret que la pudeur? Nous sommes les gardiens de l’équilibre du monde « ma langue taira les secrets qui me seront confiés » dixit Hippocrate. Alors, messieurs les jaloux, rendez-vous à la prochaine consultation. Votre gynéco il est asexué!
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